Balade culturelle à Montorgueil Balade culturelle à Montorgueil

Balade culturelle à Montorgueil

Plongez-vous dans la riche histoire des Halles de Paris avec ce parcours dans le quartier Montorgueil.

Durée estimée du parcours : 1h30
Distance estimée du parcours : 1,8km

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Rendez-vous devant l’EGLISE SAINT-EUSTACHE, au 2 Impasse Saint-Eustache, dans le 1er arrondissement de Paris.

Construite en 1532, l’église Saint-Eustache a été réaménagée à maintes reprises. Certains des travaux restent encore aujourd’hui inachevés, comme le témoigne l’une des tours de la façade principale. L’architecture de l’édifice a la particularité de suivre des plans de style gothique, alors que les décorations sont de style Renaissance.

En poussant ses lourdes portes, vous découvrirez les petits trésors que l’église renferme : l’œuvre picturale de Rubens, Disciples d’Emmaüs, le mausolée de Colbert autrefois conseiller du Roi Louis XIV, ou encore la Vierge à l’enfant du sculpteur du 18ème siècle Jean-Baptiste Pigalle. Vous pourrez également admirer les grandes orgues de Saint-Eustache qui résonnent lors de concerts organisés tout au long de l’année. Connue comme étant l’un des plus beaux monuments religieux de Paris, l’église fut le théâtre de grandes scènes historiques, telles que la communion de Louis XIV, les baptêmes de Molière et Richelieu et les obsèques du poète Jean de la Fontaine.

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En sortant de l’Eglise, continuez sur l’impasse Saint-Eustache. Arrivé à la rue Montmartre, empruntez le Passage de la Reine de Hongrie au n°16. En sortant du passage, vous tombez dans la RUE MONTORGUEIL.

Centre du quartier Montorgueil qui lui doit son nom, la rue porte depuis le 13ème siècle le nom du mont Orgueilleux, auquel elle conduisait. Principale artère commerçante du quartier, certains de ses commerces comptent parmi les plus vieux de Paris. Bistrots, friperies, bars populaires, boucheries, primeurs, crêperies, pâtisseries... Il est aisé de s’imaginer que la rue Montorgueil est très fréquentée à toute heure de la journée, mais surtout aux heures des repas, quand les promeneurs s’y arrêtent pour se régaler d’avance en regardant les devantures et les menus des restaurants : de la brasserie traditionnelle à la pizzeria, en passant par les sushis japonais et le traiteur libanais, vous aurez largement de quoi manger à votre faim.

Arpentée quotidiennement par des milliers de promeneurs et de riverains, la rue Montorgueil procure une joie de vivre et un réelle dépaysement pour les citadins. Pavée sur toute sa longueur, elle a indéniablement un petit côté provincial, ce qui en fait l’une des rues préférées des promeneurs du week-end. Pleine de vie, l’atmosphère de Montorgueil est reconnaissable parmi tant d’autres: les commerçants parlent fort pour attirer le chaland, les promeneurs discutent, les amoureux se prélassent en terrasse... Et même si vous ne vous sentirez jamais à la ville comme en Province, il est certain qu’à Montorgueil, vous ne serez comme nulle part ailleurs à Paris.

Deux adresses incontournables :

  • Au n°38, « l’Escargot Montorgueil » était le restaurant fétiche de Sacha Guitry, Marcel Proust et Salvador Dali. Anecdote : le plafond du restaurant qui orne l’entrée est la peinture qui décorait la salle à manger de Sarah Bernhardt.
  • Au n°51 se trouve la Boulangerie-Pâtisserie Stohrer. Plus vieille pâtisserie de Paris, Stohrer était le fournisseur personnel en gâteaux de Marie Leszczynska, qui n’était autre que la femme du roi Louis XV.
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Au bout de la rue Montorgueil, continuez tout droit dans la rue des Petits Carreaux, puis tournez à droite rue d’Aboukir. Prenez la 3ème à droite pour vous rendre à la PLACE DU CAIRE.

La Place du Caire abrita jusqu’au 18ème siècle la plus importante « cour de miracles » de Paris, type de zone de non-droit où se rejoignaient tous les escrocs, voleurs, indigents, infirmes et prostituées de la ville. A l’époque de l’Ancien Régime, la Cour des miracles désignait un coin de la ville totalement laissé à l’abandon, où l’ordre et la loi ne régnaient plus. Ici se regroupaient les faux infirmes et autres prétendus mutilés, qui laissaient tomber leur déguisement à la nuit tombée et retrouvaient l’usage de leurs membres. Les bossus se redressaient, les escamotés voyaient disparaître leurs cicatrices, les aveugles recouvraient la vue, comme par miracle. En fait, aucun d’eux ne souffraient d’un quelconque handicap, mais les temps étaient durs, et les plus défavorisés ne voyaient d’autres solutions que de se travestir en blessés pour mendier et espérer gagner quelques pièces.

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Continuez dans la rue du Caire puis prenez la RUE DUSSOUBS qui se trouve sur votre droite.

Au 13ème siècle, la rue Dussoubs était connue sous le nom de « rue Gratte-Cul ». Alors situées hors des murs de la ville, la rue était en effet le quartier général des prostituées dont le métier était théoriquement interdit dans Paris depuis 1256. Au n°23, un immeuble à l’apparence totalement banale était pourtant l’une des plus importantes maisons closes du 18ème siècle. C’est ici que travaillait la Comtesse du Barry avant de devenir la sulfureuse maîtresse du roi Louis XV. Le premier valet de chambre du roi avait en effet repéré cette éblouissante beauté aux mœurs légères pour la présenter au roi. Ce dernier s'éprit vivement de la jeune fille dont les talents nocturnes lui redonnèrent une seconde jeunesse.

C’est bien plus tard, en 1881, que la rue changea de nom pour rendre hommage à un jeune révolutionnaire limousin, Denis Gaston Dussoubs. Le 4 décembre 1851, sur une barricade de la rue Montorgueil, le jeune Dussoubs proteste contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. S’avançant seul et sans aucune arme face aux soldats, Dussoubs se prend une balle dans le corps qui lui sera fatale.

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Continuez tout droit jusqu’à la Place Goldoni puis tournez à gauche dans le Passage du Grand Cerf, joli passage couvert datant de 1825. Tournez à droite et descendez la RUE SAINT-DENIS jusqu’à la rue des Innocents, juste après le forum carré des Halles.

Tracée dès le 1er siècle par les Romains, la rue Saint-Denis est l'une des plus anciennes rues de Paris. Aujourd’hui, la rue regorge de boutiques de vêtements à prix très abordables, mais aussi de bars et de restaurants. La population y est très éclectique, créant un dynamisme sans égal dans le quartier. La partie de rue située du côté des Halles est bordée de bars et de restaurants, tandis que celle se trouvant du côté de Bonne-Nouvelle, plus au nord, grouille de boutiques de vêtements, parfois dégriffés, parfois un peu plus coûteux. Malgré la réhabilitation du quartier, les sex-shops illuminent encore la rue de nuit. Présente ici depuis plus de mille ans, la prostitution constitue depuis toujours la réputation et la vitrine de la rue Saint-Denis. En battant ses pavés, vous remarquerez que les rues qui lui sont perpendiculaires portent quasiment toutes des noms faisant référence à différents corps de métier : rue des prêcheurs, rue de la Cossonnerie, rue de la Verrerie, rue des Lombards… Ces voies créées en 1553 tirent leurs noms de l’installation de nombreux commerces dans le quartier des Halles à cette époque. Chaque rue prenait donc le nom du commerce qui y prenait place.

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Au bout de la rue des Innocents, découvrez la PLACE JOACHIM-DU-BELLAY.

Située à l’endroit où gisaient les corps du cimetière des Innocents, la place Joachim-du-Bellay a longtemps été le principal cimetière à l'intérieur de la ville de Paris et ce, du Moyen-Âge jusqu'à la fin du 18ème siècle. Peu avant la Révolution française, tous les cimetières de Paris furent vidés afin d’assainir la ville. Parmi les cimetières détruits, celui des Innocents comptait parmi les pires: véritable charnier, il empestait la chair décomposée. Il fut donc totalement vidé et l’endroit désormais inoccupé fut appelé la « place du marché des Innocents ».

En 1785, l’église des Saints Innocents que le cimetière jouxtait fut à son tour détruite. La fontaine qui se trouvait à l’époque au milieu du cimetière se retrouva seule survivante de ces grands travaux d’assainissement. Créée en 1548 sous le règne du roi Henri II, la fontaine a un style architectural de style Renaissance et a été déplacée à deux reprises. Rebaptisée « fontaine des Innocents » après la destruction du cimetière dont elle était le point central, elle remplaçait à l’origine une fontaine beaucoup plus ancienne qui remontait à l’époque de Philippe Auguste (12ème siècle) et qui était destinée à célébrer l'entrée du roi dans la ville de Paris.

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Pour terminer la balade, rendez-vous RUE DE LA FERRONNERIE, première rue à gauche au bout de la rue des Innocents.

Cette jolie rue pavée et aujourd’hui entièrement piétonne a été le théâtre d’un des meurtres les plus connus de l’Histoire de France. C’est ici même que le roi Henri IV a succombé peu après avoir reçu trois coups de couteau dans le corps, enfoncés froidement par François Ravaillac. Nous sommes le 14 mai 1610, un carrosse richement décoré martèle les pavés de la rue de la Ferronnerie. Comme par prémonition, un embouteillage contraint le carrosse royal à attendre devant une boutique appelée « Au cœur couronné percé d’une flèche ». Dans ce carrosse, celui que le peuple surnomme affectueusement le bon roi Henri, ignore encore qu’il n’a plus que quelques minutes à vivre.

Parti pour rejoindre l’appartement de son ministre qui se trouve non loin de là, le roi ne juge pas nécessaire de se faire convoyer par la Garde à cheval. Protégé par une petite escorte de fantassins, le roi ne se doute pas du terrible danger qui le guette. Pris dans l’embouteillage, ses valets s'éloignent momentanément du carrosse pour tracer un passage parmi la foule qui se presse autour du carrosse royal. Peu craintif, le roi tire les rideaux de sa voiture pour saluer le peuple qui l’acclame. Ravaillac profite de ce moment d’inconscience pour se jeter sur le roi et le transpercer de trois coups de couteau : au premier, Henri IV hurle « Je suis blessé ». Le second l'atteint au poumon droit et le roi murmure « Ce n'est rien, ce n'est rien ». Le dernier coup de couteau lui sera pourtant fatal. Tout de suite arrêté, Ravaillac est condamné à mort par le Parlement de Paris qui conclut à l'acte d'un fanatique catholique.

La condamnation est sans appel : il sera « tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit régicide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble. Ensuite, son corps sera tiré et écartelé par quatre chevaux. Les membres de son corps seront consommés au feu, réduits en cendres et jetés au vent. » L’atroce mise à mort de Ravaillac inspira de nombreux peintres.